Aéro-Club des Sourds de France, Surdité et aviation

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Il est possible de voler en France sans radio !

On pourrait croire qu’un sourd ou un malentendant est incapable de piloter un avion car il ne peut pas, a priori, utiliser la radio. En réalité, l’absence de radio n’est gênante que pour les pilotes qualifiés IFR (Vol aux Instruments, autorisé par mauvais temps), en général, des pilotes professionnels, pilotes de ligne, de transport ou militaires. A titre privé, le pilotage d’un avion est, techniquement, tout à fait possible pour un sourd. Environ 2/3 des aérodromes français sont dépourvus de tour de contrôle, ce qui exclu de fait toute liaison radio obligatoire avec les avions. Conformément aux règles du vol à vue, le VFR (Visual Flight Rule en anglais), le décollage et l’atterrissage ainsi que la prévention des collisions en l’air se font alors à vue, ce qui est tout à fait dans les capacités d’un pilote sourd.

Autre point à souligner : à bord de la plupart des avions de tourisme et des hélicoptères, le bruit ambiant est élevé. En cours de vol, c’est par la vue que le pilote assure sa sécurité. C’est au pilote de voir et d’être vu. Or, nous l’avons souvent souligné, «la surdité, c’est la vue». Un sourd n’est donc nullement «désavantagé». Pour le reste, ce n’est qu¹une question de connaissances techniques. Quelques dizaines des avions ne sont pas équipés de radio (source : DGAC et Bureau Véritas). Environ 2/3 de l’espace aérien inférieur, où évolue essentiellement l’aviation légère, n’est pas contrôlé. Les moyens utiles au vol VFR sans radio sont par exemple les instruments : transpondeur, GPS, VOR, ainsi que le système des signaux lumineux utilisé par la TWR (tour de contrôle pour les aérodromes contrôlés) pour la procédure panne radio. Il existe un projet, appelé Aéropipette, qui permet de donner des solutions aux communications par radio (voir plus bas).

Des pilotes sourds volent en ULM...

Les ULM (Ultra-Léger Motorisés) sont, la plupart, dépourvus de radio. En France, la visite médicale obligatoire pour piloter un avion n’est exigée qu’une seule première fois (pas de contre indication) pour obtenir le brevet de pilote d’ULM. C’est ainsi qu’on dénombre plus d’une vingtaine de Français et un Suisse sourds titulaires de la licence française de pilote d’ULM. Environ une vingtaine d’autres sourds (dont au moins 2 femmes) sont, à notre connaissance, en formation. L’Aéro-Club des Sourds de France possède un ULM multiaxes biplace pour former des élèves sourds et malentendants, avec un instructeur sourd qualifié (formé par le CNULM fin 2003) à Coulommiers et le louer aux membres pilotes sourds brevetés pour leurs vols, leurs voyages. C’est une première mondiale.

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…et en planeur.

Le pilotage d’un planeur est un cas un peu plus particulier. En effet, comme généralement les fuselages sont très étroits, l’élève pilote doit le plus souvent s’asseoir à l’avant et l’instructeur à l’arrière. Toutefois, pour apprendre aux sourds à piloter, deux systèmes ont été mis au point :

– Le premier dispose d’un écran d’affichage et un vibrateur. La vibration prévient l’élève qu’un nouveau message est affiché. L’affichage des messages

tous préparés d’avance (environ une vingtaine) est commandé par l’instructeur à l’aide d’un boîtier de commande. Ce système a été inventé et mis au point par un ingénieur anglais dont l’épouse est pilote de planeur sourde.

– Le second système est plus simple et plus économique : il suffit de fixer un rétroviseur à l’intérieur du cockpit et de convenir de quelques signes. L’élève peut ainsi voir les instructions qui lui sont données gestuellement.

Tandis qu’en Grande-Bretagne cinq pilotes sourds ont été autorisés à piloter des planeurs en solo (deux d¹entre eux ont obtenu leur licence européenne de pilote de planeur), en France, la réglementation médicale l’interdit du moins pour l’instant… bien qu’une femme sourde ait été lâchée en solo dans les années 1970. Cinq Français malentendants, élèves-pilotes de planeur, ont dû abandonner…

hanglider over Byron Bay AustraliaIls pratiquent aussi le vol libre (parapente, deltaplane)…

C’est une activité plus «libre» qui subit moins de contraints médicales. Il est pratiqué par plusieurs sourds. Les plus qualifiés sont Francis Miniconi et Bruno Serripierri qui ont effectué plus de 1000 vols. Au moins une trentaine de sourds poursuivent en ce moment des stages de parapente, dans les Pyrénées et dans les Alpes, en partie grâce à des instructeurs enthousiastes.

… le parachutisme et l’aéromodélisme !

En matière de parachutisme sportif, un ostracisme médical similaire sévit en France bien que, tout récemment, une réglementation un peu plus favorable soit apparue : par dérogation, un sourd en bonne santé peut aujourd’hui être autorisé à sauter. On soulignera que le parachutisme sportif est un sport dans lequel le rôle de l’audition est minime, largement supplanté par la vision, surtout en phase de chute libre. Un Français, Thierry de Gramont, ingénieur au CEA, a obtenu tous les brevets fédéraux et totalise 200 sauts. Il a même, à partir de son quarantième saut, participé à de grandes formations de vol relatif. Même les femmes s’y sont mises. C’est l’exemple d’Anne-Marie Armengaud (27 sauts). Au moins une vingtaine de sourds ont été brevetés parachutistes, et plusieurs autres sourds poursuivent leur formation.

Pour l’aéromodélisme en revanche, pas de problème de visite médicale ! Et il est très difficile de dénombrer tous les adeptes sourds, nombreux, de cette discipline.

Pour l’avion, c’est plus compliqué…

Dans le domaine de l’aviation, les sourds français sont actuellement dans la même position que les sourds qui souhaitaient conduire une auto dans les années 50 : à l’époque, «on» s’accordait à penser qu’un sourd ne pouvait pas conduire une voiture. C’est aujourd’hui devenu un fait très banal… Il faut souhaiter la même évolution pour l’aviation. Pour cela, il conviendra de vaincre les très fortes réticences du Conseil médical français qui refuse jusqu’à présent sauf exceptions d’autoriser un pilote sourd à voler seul.. Aujourd’hui, dans notre pays, en dépit de l’avis favorable de nombreux instructeurs professionnels, un pilote sourd doit obligatoirement être accompagné d’un instructeur ou pilote qui s’occupe de la radio.

Pourtant, c’est tout à fait possible !

Ces réticences ne sont pas de mise aux Etats-Unis. Plus de 250 sourds (source FAA) sont actuellement titulaires d’une licence américaine de pilote privé avion (dont 4 ont leur qualification bimoteur) parmi lesquels un Français, un Hongrois, un Australien et un Japonais, ainsi qu’en plus, au moins une trentaine d’élèves pilotes dont trois Français, un Italien et un Allemand. Il faut ajouter 4 Canadiens sourds pilotes privés avion ainsi que 2 Américains sourds titulaires d’une licence de pilote privé hélicoptère sans oublier 5 Américains sourds pilotes professionnels avion.

Des solutions existent…

Le projet « Aéropipette » qui succède au projet WIC (World Interface Communication), conçu par Jean-Louis Tournier, maître de conférences et ingénieur au laboratoire d’électronique ENSEEIHT à Toulouse, est un système numérique et digital spécialement adapté de télécommunication qui permettra au pilote sourd de traverser, aux commandes d¹un avion, les espaces aériens contrôlés, y compris aérodromes contrôlés. Il est matériellement et techniquement prêt mais il faut des moyens financiers pour l’application et l’avis favorable des autorités publiques. Ce projet est en cours de conception.

… et les sourds se mobilisent !

En juillet 1994, suite à l’idée de deux pilotes Américains sourds, Jack Kesley et Clyde Smith, une trentaine de sourds, dont un Français, titulaires d’une licence américaine de pilote privé avion, se réunissaient sur l’aérodrome de Knoxville au Tennessee (USA), pour créer l’«International Deaf Pilots Association» (IDPA, Association Internationale des Pilotes Sourds), actuellement renommée DPA-USA un groupe de défense des intérêts des pilotes sourds et malentendants, soutenu par l’Association des Pilotes Propriétaires d’Avion (AOPA, 400 000 membres dans le monde) et l’Experimental Aircraft Association (EAA). Le Fly-in (rassemblement) des pilotes sourds s’organise dans une ville différente chaque année aux USA

Rejoignez-les !

Henri Corderoy du Tiers, titulaire du brevet de pilote d’ULM (depuis 1986), qualifié instructeur ULM (depuis janvier 2004) et des licences américaine (depuis 1990 avec qualification bimoteur depuis 2006), anglaise (depuis 2004) et française (depuis 2007) de pilote privé (près de 2.000 heures en tout), a fondé les associations européenne (IDPA-Europe créée en 1995 et dissoute en 1997) et française (IDPA-France créée en 1996) d’aviateurs sourds, antennes de l’Association internationale des pilotes sourds (IDPA), qui s’appelle, depuis février 2003, «Aéro-Club des Sourds de France» (ACSF).

Le but de ces associations est de développer le droit des sourds à exercer toute activité aéronautique (avion, ULM, planeur, vol libre, parachutisme, aéromodélisme, etc.) en France et en Europe dans le respect total des conditions de sécurité. Des rassemblements, d’autres manifestations et stages sont parfois organisés chaque année.

L’adhésion de l’Aéro-Club des Sourds de France, en janvier 1997, à l’Aéro-Club de France a engendré la création de la Commission Pilotes Handicapés au sein de cette prestigieuse institution (créée en 1898) . Son objectif est de faire mieux reconnaître, au plus haut niveau, les droits des pilotes handicapés. Depuis fin 2000, cette Commission Pilotes Handicapés regroupe des pilotes paraplégiques, des pilotes sourds et malentendants et pilotes malvoyants. En septembre 2005, la nouvelle commission fédérale sur les vols adaptés a été créée au sein de la FFA (avions) et de la FFPlUM (ULM) pour adapter les besoins des pilotes sourds, malvoyants et paraplégiques au pilotage d’avion et d’ULM en France.

Depuis avril 2001, cet aéro-club est affilié à la FFPlUM (Fédération Française ULM, où existe la commission vols adaptés). Avec un ULM performant, cet aéroclub ACSF a créé en mai 2004 l’école de pilotage d’ULM pour former des élèves sourds avec un instructeur sourd qualifié et les louer aux membres pilotes sourds brevetés. C’est une première mondiale ! Et l’ACSF a reçu l’agrément du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative en avril 2005.

L’objectif de l’Aéro-Club des Sourds de France, première association créée par et pour pilotes sourds et malentendants en France, est de rendre le ciel plus accessible aux sourds et malentendants par le moyen des activités aéronautiques (sports aériens).

Henri Corderoy du Tiers

Médaille de l’Aéronautique

Pilote Instructeur ULM

Pilote Privé Avion (licences américaine, anglaise et française)

Président de l’Aéro-Club des Sourds de France

Siège social de l’Aéro-Club des Sourds de France : c/o Aéro-Club de France, 6 rue Galilée 75116 Paris

Pour tout courrier, s’adresser au 46, rue de Varenne 75007 Paris

E-mail: aeroclub.sourds@orange.fr

Site web : http://www.aeroclub-sourds.com 

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