Nicolas Lequette | Premier amputé de France à L’enduropale !


Nous avons rencontré Nicolas Lequette sur la place des Héros d’Arras, ce motard est le premier amputé de France à participer à L’Enduropale Vintage du Touquet.
 
Présentation

Nicolas 28 ans, j’ai eu un accident de moto en 2016 suite à un refus de priorité de la part d’un automobiliste. J’ai été admis au CHR de Lille, héliporté depuis le lieu de l’accident qui s’est produit à Servin. Amputé sous gonal droit, j’ai dû suivre 11 mois de rééducation. Ma rééducation professionnelle s’est déroulée à Berck-Sur-Mer pour devenir moniteur éducateur, la rééducation fonctionnelle s’est effectuée quant à elle au Centre l’Espoir.
 

Dans mon malheur, j’estime avoir un peu de chance, car en ayant également subi une fracture de la vertèbre T5 à deux millimètres du front vertébral, j’aurais pu me retrouver en fauteuil roulant.

 
Quel est votre parcours ?

Bucheron élagueur de carrière, mon activité s’est vue stoppée net suite au dramatique accident. Après quelques mois passés en tant que moniteur éducateur post rééducation professionnelle, je me suis aperçu que le métier ne me correspondait pas forcément. Empathique grâce aux soignants qui m’accompagnaient, j’ai remarqué que la plupart des personnes souffrantes refusées mon aide de jeune éducateur. Je suis donc actuellement en formation pour devenir cuisinier où je suis épanoui.
 
Quelles sont vos motivations ?

Ma première motivation était de me prouver à moi-même que je pouvais réussir cet exploit, et de prouver aux personnes atteintes d’un handicap que rien n’était impossible. Sur mon lit d’hôpital, je voyais déjà ma vie foutue, à 20 ans, je me disais que je ne pourrais plus rien faire… Au final, je décroche une honorable 425 ème place ce qui correspond au milieu de classement pour cette épreuve. Comme quoi, on peut être meilleur avec un handicap que certains valide.
 

 
Comment préparez-vous une compétition ?

Il faut déjà se préparer financièrement, car cette course demande un réel effort budgétaire (environ 2 000 € sans la moto), équipements, inscription, ravitaillement, licence sans compter les nombreux allers/retours à Loon-Plage (59) pour les sessions d’entraînements sur le sable. À tout cela, s’ajoute la moto, en l’occurence une 240 KTM de 1987 pour cet enduro vintage. Autre problème de taille, j’ai dû me battre avec la Fédération Française de Moto, selon eux si tu es amputé, tu ne roules pas… « Monsieur, moi, je voudrais voler, mais je sais que je ne peux pas », c’est précisément cette phrase qu’on m’a sortie.
 

C’est grâce au Président des Handi Free Rider qui fait partie de la commission médicale, Stéphane Paulus, que j’ai obtenu ma licence, une semaine seulement avant le départ ! Après une rencontre avec ce dernier lors d’une session d’entraînement à Loon-Plage, il m’a observé et s’est rendu à l’évidence, ma place parmi les coureurs de l’Enduropale Vintage était plus que légitime et méritée. NDLR : cette licence, une fois accordée, est valable à vie.

 
Pour la préparation physique, j’ai été plusieurs fois sur la côte pour maîtriser le sable, mais j’ai surtout suivi des stages de perfectionnement. Un investissement nécessaire et bien plus approprié pour les pilotes débutants que certaines pièces onéreuses destinées aux professionnels. Quelques séances de vélo et de natation sont venues parfaire cet apprentissage. Pendant la compétition, j’ai reçu l’aide d’un ami et de ma compagne pour tout ce qui concerne les ravitaillements.
 
La course moto a-t-elle changé votre vie ?

Un des principaux changements est le fait que beaucoup de personnes se sont rapprochées de moi pour parler de mon expérience et la faire partager via les médias ou les réseaux sociaux. J’ai acquis une petite notoriété, ce qui est plutôt plaisant, je ne vous le cache pas. Étant le premier amputé de France à réaliser l’enduro, ça a mis un petit coup de projecteur sur mon parcours
 

 
Comment voyez-vous l’avenir ?

Objectif Enduropale vintage 2024, au départ, je souhaitais réitérer l’exploit avec une nouvelle moto, malheureusement le budget étant assez conséquent, je resterai sur ma moto de 2023. Le Hard-DéfiTour me tente bien aussi, avec seulement 20 personnes qui le terminent en moyenne, cette compétition de l’extrême pourrait être l’un de mes futurs challenges !

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