La prescription médicale d’aides techniques

Rôle du Praticien dans le domaine de la prescription médicale d’aides techniques La constatation d’un handicap (ou de plusieurs) amène le Médecin à la prescription d’aide(s) technique(s).

Celle-ci souvent simple, est parfois difficile, pour diverses raisons :

  1. Il n’existe pas d’enseignement universitaire adapté en raison de la très grande variété des handicaps (nombre, associations, nature, chronicité, etc…), il est toujours possible de disposer de généralités, pas nécessairement adaptables au problème posé.
  2. Il n’y a pas non plus d’enseignement post-universitaire, structuré, et ni l’ordre, ni les syndicats n’ont encore eu l’opportunité d’en souligner la nécessité. La quantité de sujets à traiter, et leur caractère estimé «prioritaire» en termes d’économie de santé explique ce retard.
  3. La recherche d’informations, d’aides à la prescription n’est pas si difficile, mais «collera» t-elle à la situation donnée ?

Il existe donc un problème de connaissances médicales précises, préalables, tout autant que de connaissances techniques et de leurs applications.

Le médecin se trouve devant une personne handicapée, et l’aide qu’il propose doit être efficace, adaptée et accessible. Dans notre société, cette aide technique doit lui apporter : une aide journalière, c’est-à-dire une autonomie la plus grande possible, mais encore de la vie, une marge personnelle de manoeuvre, mais aussi le meilleur matériel disponible, ce que nous souhaiterions avoir si nous étions à sa place.

C’est toute la difficulté de la prescription. Le problème de quelques minutes du Médecin ne doit pas devenir le problème permanent du «patient».

Comment dans ces conditions, envisager la prescription ?

  1. Il n’y a pas si longtemps encore, famille et médecin se «renseignaient» et la prescription partait de cette double information, pour aboutir, après discussions, à l’adaptation la meilleure. La prescription, dans la majorité des cas, ne pose pas de difficulté. Le rôle du médecin consiste donc à s’assurer de la conformité du matériel avec le handicap, et les conditions de vie du patient et de sa famille. La relation humaine, confiante, était la base de la prescription. Elle sera nécessaire dans la suite, pour s’adapter et si possible accepter le handicap.C’est capital, mais insuffisant. Le conseil spécialisé est indispensable en pratique.
  2. Les spécialistes en rééducation de toute sorte, médicaux et autres, sont heureusement, là pour conseiller très précisément. Leur intervention permet pour les cas habituels, de résoudre les difficultés. Leur compétence est limitée à une spécialité, et leur temps de travail ne leur permet pas la connaissance des matériels spécialisés de manière complète. En l’état, ils apportent l’aide la plus précieuse, en particulier pour les handicaps temporaires.
  3. Certains pharmaciens se sont dirigés vers une activité de fourniture de matériel, de manière heureuse mais non exclusive, c’est-à-dire sans expérience directe ni médicale, ni des matériels (qu’ils ne peuvent tester par eux même). Leur compétence recoupe de larges secteurs des handicaps, et dans la pratique leur rôle s’accroit progressivement. Il n’est pas sûr que la sécurité sociale n’y voit avec le temps et l’accroissement progressive de la demande, des inconvénients d’ordre financiers, et ne souhaite dans la situation actuelle une certaine normalisation des matériels. Or, la personnalisation des matériels, souvent coûteuse, est nécessaire à leur efficacité. Aux critères déjà mentionnés, il faut donc ajouter le caractère «indiscutable» de la prescription en raison des prix de ces matériels, et un rapport qualité prix certain.On le voit, la prescription est difficile dans la mesure où l’aide technique est un métier, complexe, et que le Médecin domine rarement l’ensemble des données nécessaires. Il peut en acquérir certaines, se renseigner pour d’autres ou collaborer avec des équipes de kinésithérapeutes et d’ergothérapeutes (d’autres articles préciseront le rôle de chacun).
  4. Une dernière possibilité, est le recours pour les cas non usuels, à un organisme spécialisé tel HACAVIE.

Dans le cadre de la loi de 1901, l’association HACAVIE a deux fonctions principales :

  1. la gestion d’un centre national de la documentation sur les aides techniques, ce qui représente : 13.000 produits, 900 fabricants, l’essai critique et indépendant des matériels retenus. La mise à jour incessante des données s’explique par une demi-vie courte de l’information…
  2. le conseil technique, qui nous préoccupe ici, et qui a concerné 1600 personnes cette année, personnes handicapées/âgées. L’aide se fait par téléphone, courriel, par visite au domicile au besoin.Le conseil comporte l’essai de la solution retenue.

S’il est aisé de délivrer une ordonnance concernant un «handicap simple», ce recours sera de plus en plus utilisé dans les problèmes complexes, associés et évolutifs.

Reste un rôle d’accompagnement pour le Médecin qui vise à l’adaptation et au mieux l’acceptation du handicap, rôle ni médical ni technique, mais humain.

Docteur BOURNOVILLE

Chirurgien

Administrateur Hacavie

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