Association Magissoin | Un peu de magie dans la rééducation
Créée en 2014, l’association Magissoin organise des ateliers de magicothérapie destinés à des personnes souffrant de handicap. Le concept ? Enseigner des tours de magie simples aux patients, pour contribuer à leur rééducation motrice et cognitive. Au passage, ils y gagnent aussi assurance et bonne humeur. La magie est un outil idéal pour travailler sur de nombreux handicaps. De plus, elle fascine à tous les âges !
Ludique et bon pour la confiance
L’utilisation de la prestidigitation dans le cadre de la rééducation comporte bien des atouts. La réalisation d’un tour de magie met en jeu la motricité car elle nécessite la manipulation de matériel. Pour réaliser un tour, il faut aussi comprendre les étapes de sa réalisation et les mémoriser. Ainsi, les patients utilisent-ils à la fois leurs fonctions motrices et cognitives. Les ateliers étant ludiques, ils «travaillent» à leur rééducation sans même s’en rendre compte. D’ailleurs, la contribution de la magie dans la rééducation ne se limite pas au cadre des ateliers, puisque Magissoin laisse du matériel à la disposition des établissements. Les patients qui le souhaitent peuvent ainsi s’entraîner entre les séances. Quant à la motivation, elle va bien au-delà de la seule rééducation puisque les participants ont pour ambition d’apprendre un tour de magie qu’ils auront la fierté de montrer à leurs proches. Pour maintenir cette motivation intacte, chaque séance se clôture avec la réalisation d’un tour par le magicien intervenant, comme il les réalise en situation professionnelle.
Quel public ?
Actuellement, Magissoin intervient principalement à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (13e arrondissement) dans le service de pédo-psychiatrie du Pr. Cohen et à la Fondation Ellen Poidatz, institut d’éducation motrice (IEM) à Saint-Fargeau-Ponthierry (en Seine et Marne). La prestidigitation ne laisse personne indifférent. Aussi, les ateliers de Magissoin s’adressent-ils à un large public. Si les enfants sont particulièrement sensibles à la magie, les adultes y sont aussi très réceptifs. En maison de retraite, où l’association a aussi eu l’occasion d’intervenir, la motivation de certaines personnes âgées à apprendre un tour pour épater leurs petits enfants est au moins aussi grande que celle d’un enfant à savoir ce que le magicien cache dans son chapeau. Les ateliers de magicothérapie permettent de travailler sur les fonctions motrices, les fonctions cognitives, la mémoire, l’attention, la communication, la régulation des émotions, l’estime de soi… Magissoin peut donc intervenir auprès de personnes souffrant de handicaps divers, moteurs ou mentaux, de troubles psychiatriques, de troubles du spectre autistique, du déclin lié à l’âge et même en début de maladie d’Alzheimer…
Les ateliers en pratique
Magissoin propose des interventions «au long cours» dans le but de contribuer efficacement à la rééducation. Les interventions s’effectuent en petits groupes, voire individuellement. Le personnel soignant collabore avec l’intervenant de l’association, Christophe Bellamy, magicien professionnel. Les objectifs de rééducation de chaque patient sont fixés par le personnel soignant. En fonction des capacités de chaque patient et de son programme de rééducation, les tours sont spécifiquement choisis et adaptés. Magissoin bénéficie en outre d’un conseil scientifique (neuropsychologue, psychologue, kinésithérapeute, médecin (MPR)), qui a étudié chaque tour pour déterminer les objectifs thérapeutiques qu’il permet d’atteindre. L’association Magissoin a d’ailleurs été co-fondée par Christophe Bellamy, magicien, qui a initialement suivi un parcours universitaire en biologie et Miléna Riva, psychologue spécialisée en neuropsychologie, docteur en psychologie. Miléna exerce son métier depuis plus de 10 ans auprès d’enfants en situation de handicap.
La promotion de la magicothérapie
Magissoin a pour ambition de se développer et de former de nouveaux intervenants, de manière à œuvrer dans de plus nombreux établissements. L’association travaille aussi à faire découvrir la magicothérapie et ses vertus aux professionnels de la santé, ainsi qu’au grand public. En France, le concept est méconnu et quasiment unique. Mais la magicothérapie est déjà pratiquée dans certains pays, comme les Etats-Unis, la Belgique ou encore la Grande Bretagne. La revue anglaise Developmental Medicine and Child Neurology (DMCN)* fait état d’une étude dirigée par le Dr Dido Green, visant à évaluer les bienfaits d’ateliers de magicothérapie, réalisés avec des enfants souffrant de paralysie cérébrale, hémiplégiques. L’étude évalue l’utilisation du membre paralysé lors d’activités nécessitant l’utilisation des deux mains. Utilisé dans 23% des activités avant l’étude, au bout de trois mois, les enfants qui ont suivi les ateliers intensifs de magicothérapie utilisent le membre paralysé dans 93% de leurs activités. Trois mois après ce stage, ils l’utilisent toujours dans 86% de leurs activités. Actuellement, Magissoin met en place une étude pilote qui a pour objectif d’évaluer les bénéfices de son intervention auprès d’enfants en situation de handicap, sur le plan moteur et cognitif. Les résultats préliminaires mettent en évidence une amélioration des compétences vers les objectifs fixés.
Plus d’informations :
www.magissoin.fr
ALEXANDRA BELLAMY
JOURNALISTE
*source : revue Developmental Medicine and Child Neurology, volume 55, issue 6, juin 2013 ; article «A multi-site study of functional outcomes following a themed approach to hand–arm bimanual intensive therapy for children with hemiplegia»
NDLR : On se souviendra de Bernard SANTRAINE, Directeur du foyer APF «Jean Grafteaux» à Villeneuve d’Ascq, qui créa en 1989 le premier spectacle de cirque intitulé «Le monde merveilleux du cirque» mêlant les jeunes des établissements avec les usagers des associations locales ainsi que les camarades de classe de l’école en milieu ordinaire et des artistes professionnels. Spectacle toujours d’actualité aujourd’hui. (http://lmacnet.fr/lmac/historique/)