Une imprimante pour fabriquer vos médicaments sur mesure
À Montpellier, la start-up MB Therapeutics a mis au point une invention qui pourrait bientôt changer la vie de nombreux patients, en particulier les personnes âgées, les enfants, ou celles qui ont des traitements compliqués à suivre. Il leur a fallu dix ans pour concevoir leur technologie. Cette innovation, c’est une imprimante 3D… pour fabriquer des médicaments. Oui, comme une imprimante classique, mais au lieu d’imprimer du papier, elle « imprime » des comprimés, faits spécialement pour chaque patient.
Aujourd’hui, beaucoup de traitements sont faits « à l’identique » pour tout le monde, avec des dosages standards. Pourtant, chaque personne est différente. Avec cette imprimante, on pourra adapter la dose exacte, la forme, la taille, voire le goût du médicament.
Par exemple, les enfants ou les personnes âgées ont souvent du mal à avaler certains comprimés. Grâce à cette nouvelle technologie, on pourra fabriquer des pilules plus petites, plus faciles à avaler, ou même sous forme de gomme à mâcher.
L’imprimante 3D offre aussi une réponse rapide aux pénuries de médicaments, de plus en plus fréquentes. Cette machine pourra, en effet, fabriquer localement, à l’hôpital ou en pharmacie, le médicament manquant, sans attendre des semaines une livraison de laboratoire. C’est déjà testé à l’hôpital de Nîmes qui reproduit des traitements introuvables sur le marché classique, et ajuste au milligramme près les doses, notamment pour les enfants et les personnes âgées. Les premiers résultats sont très encourageants.
À l’Institut Gustave Roussy, près de Paris, deux imprimantes 3D sont déjà en service depuis 2021. Elles sont utilisées pour les jeunes patients atteints de cancer. Certains médicaments sont trop amers, trop gros ou mal adaptés. L’impression 3D permet de changer leur goût (avec du cola ou de la menthe, par exemple), leur texture, ou encore d’associer plusieurs traitements en un seul comprimé.
Pour exemple, un antibiotique trop amer a été transformé en gomme à mâcher mentholée, beaucoup plus facile à prendre pour les enfants.
L’objectif est clair, il s’agit de rendre les traitements plus faciles à suivre, plus efficaces et mieux adaptés à chacun. Cette technique permet aussi aux chercheurs de tester de nouvelles molécules, jusque-là inutilisables avec les méthodes classiques.
L’impression 3D pourrait donc bientôt devenir un outil courant dans les hôpitaux et les pharmacies, pour soigner mieux, plus vite, et au plus près des besoins de chaque patient.
Cette technologie ne remplace pas l’expertise du pharmacien ou du médecin. Elle vient les aider à proposer des traitements plus personnalisés, mieux tolérés, plus efficaces. Un gain de confort et de sécurité, en particulier pour les personnes âgées qui prennent plusieurs traitements chaque jour.
En 2026, la mise sur le marché de ces imprimantes est prévue. Une révolution locale et humaine qui pourrait rapprocher les soins de ceux qui en ont le plus besoin.
Astrid Cluis
Ergothérapeute