Un espoir pour la vue : un implant sous-rétinien redonne partiellement la vision à des patients atteints de DMLA
La dégénérescence maculaire liée à l’âge, plus connue sous le nom de DMLA, est aujourd’hui la première cause de handicap visuel chez les personnes de plus de 50 ans. Cette maladie détruit progressivement la macula, la partie centrale de la rétine qui permet de lire, de reconnaître les visages ou de percevoir les détails. Si certaines formes peuvent être ralenties, la forme atrophique, la plus fréquente (environ 80 % des cas), ne dispose à ce jour d’aucun traitement curatif.
Mais une avancée majeure vient d’apporter un nouvel espoir. Une équipe internationale de chercheurs – réunissant notamment l’Institut de la Vision (Inserm, CNRS, Sorbonne Université), la Fondation Adolphe de Rothschild, l’Hôpital des Quinze-Vingts, ainsi que des partenaires américains de l’Université de Stanford – a mis au point un dispositif de neurostimulation rétinienne baptisé “Prima”, capable de restaurer partiellement la vue chez des personnes atteintes de DMLA atrophique avancée.
Le système Prima associe un implant microscopique placé sous la rétine à une paire de lunettes de réalité augmentée. Les lunettes, équipées d’une caméra miniature, captent les images de l’environnement. Ces images sont ensuite transmises à un petit ordinateur de poche qui les améliore (zoom, contraste, luminosité) avant de les convertir en faisceaux infrarouges. Ces rayons sont alors projetés sur l’implant, une micro-puce photovoltaïque de seulement 2 millimètres de côté contenant 378 électrodes. L’implant transforme cette lumière en signaux électriques qui stimulent les cellules encore actives de la rétine, permettant au cerveau de reconstruire une image. Le dispositif fonctionne sans fil et préserve la vision périphérique.
Schéma du fonctionnement de l’implant sous-rétinien Prima. Crédits : Frank G. Holz et al., NEJM 2025
L’essai clinique, publié le 20 octobre 2025 dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine, a été mené auprès de 38 patients âgés en moyenne de 79 ans, répartis dans 17 centres de cinq pays européens, dont plusieurs en France. Un an après l’implantation, plus de 80 % des participants ont montré une amélioration significative de leur vision : ils ont pu relire des lettres, des chiffres et parfois des mots entiers. Certains ont gagné jusqu’à 59 lettres dans les tests d’acuité visuelle. Pour 78 % d’entre eux, l’amélioration atteignait au moins 15 lettres supplémentaires, un résultat inédit jusqu’ici pour cette forme de la maladie.
Comme tout acte chirurgical, l’implantation a entraîné quelques effets secondaires : hypertension oculaire, décollement de rétine ou petites hémorragies sous-rétiniennes. La plupart sont survenus dans les deux premiers mois et ont pu être rapidement pris en charge. Les chercheurs estiment que le bénéfice dépasse largement les risques. « C’est la première fois qu’un système permet à des patients ayant perdu la vision centrale de se remettre à lire des mots, voire des phrases, tout en gardant leur vision périphérique », souligne le Pr José-Alain Sahel, co-auteur de l’étude et pionnier dans ce domaine.
À ce jour, 42 patients ont déjà bénéficié de l’implant Prima, développé par la société Science Corporation à partir des travaux du chercheur Daniel Palanker (Université de Stanford). Les équipes espèrent désormais pouvoir étendre son usage à d’autres maladies visuelles, comme la rétinite pigmentaire ou la maladie de Stargardt, et prévoient une commercialisation d’ici un à deux ans.
Cette découverte ouvre une voie d’espoir majeure pour les personnes atteintes de DMLA, mais aussi pour toutes celles qui ont perdu la vue à cause d’affections rétiniennes aujourd’hui incurables. Une révolution silencieuse, mais porteuse de lumière.
Astrid CLUIS
Ergothérapeute


