COVID-19 | Les auxiliaires de vie en première ligne

Si l’année 2020 fut difficile pour de nombreux secteurs, certaines professions l’ont ressentis plus particulièrement comme le personnel soignant, les services de secours ou encore les forces de l’ordre. Nous avons eu le plaisir de recueillir le témoignage d’Anne-Charlotte, auxiliaire de vie depuis 3 ans, qui vit la situation sanitaire actuelle au quotidien.
 

 

Pourquoi avoir choisi cette voie, comment y parvenir ?

C’est tout simplement une vocation pour moi, sans cette motivation le métier n’a aucune chance de réussite. Le bénéficiaire ressentira le manque d’intérêt et ne sera pas en confiance. Pour exercer ce métier, il faut acquérir des connaissances théoriques et pratiques, notamment sur les diverses pathologies, les actes et gestes de la vie quotidienne, la bienveillance, la maltraitance… ces points sont des éléments clé. Il est également primordial de veiller à nos gestes et postures afin de nous préserver.

Pouvez-vous nous décrire votre journée ?

Le temps passé chez la personne varie entre 30 et 45 minutes par intervention en fonction du degré de dépendance. Nous travaillons généralement seules, le binôme reste exceptionnel dans ce métier (en formation par exemple). Nous commençons notre tournée avec un planning précis :

  • À partir de 07 h 15 :

– aide au lever,
– aide à la toilette,
– aide à la prise du petit-déjeuner,
– aide à la prise de traitement,
– réfection du lit.

  • À partir de 11 h :

– aide à la prise alimentaire,
– préparation des repas,
– change et petite toilette si besoin,
– prise des traitements (traitement sous pilulier fait par l’infirmière ou la famille).

L’après-midi, nous sommes susceptibles d’intervenir pour l’entretien des pièces à vivre qui sont occupées par le ou les bénéficiaires. Cependant, je tiens à préciser que notre métier ne s’apparente en aucun cas avec celui d’aide ménagère.
 

« Nous jouons un rôle essentiel au quotidien et nous devons protéger nos bénéficiaires »

 
Vers 16 h commencent les changes et les petites toilettes du soir avec éventuellement le goûter. Le souper débute vers 18 h et peut durer jusque 20 h 30. Chaque intervention est transmise dans un cahier de liaison qui permet d’informer les divers intervenants au domicile ainsi que la famille. Dans ce cahier, plusieurs éléments sont annotés comme l’état de santé du bénéficiaire ou d’autres informations essentielles.
 

Êtes-vous équipée pour faire face au virus au quotidien ?

Au mois de mars, c’était vraiment aléatoire avec plusieurs jours sans masque ni gants… Nous n’étions pas considérés comme personnel prioritaire, aucun masque ne nous était destiné ! Impossible de changer toutes les 4 heures, nous devions garder nos masques plusieurs jours afin d’être protégés à minima et protéger nos bénéficiaires avant tout.

Heureusement, la situation a évolué dans le bon sens. Actuellement, nous avons les équipements nécessaires et adaptés à nos missions. Le masque est renouvelé toutes les 4 heures, le lavage des mains et/ou nettoyage au gel hydroalcoolique est effectué avant et après chaque passage. Nous privilégions le port d’ une blouse que nous désinfectons à notre domicile. L’usage de gants est fortement recommandé, surtout pour la pratique des toilettes ou des changes. Cependant, le réapprovisionnement de gants reste très difficile.

Nous surveillons régulièrement notre température et celle de nos bénéficiaires. Nous avons également à disposition des blouses jetables, surchaussures, charlottes en cas d’intervention chez un patient atteint du Covid.
 

Un événement marquant depuis le début de l’épidémie ?

Le premier confinement est un passage qui m’a endurci, une prise de conscience que ce métier était vraiment indispensable et que je me dirigeais vers l’inconnu. Le jour où le gouvernement a annoncé le confinement, nos vies se sont arrêtées : écoles, loisirs, restaurants, bars et entreprises sont à l’arrêt.
 

« Certaines pathologies se dégradaient suite à l’absence de séance de kinésithérapie, d’orthophonie ou à cause de l’isolement social »

 
Ces deux mois ont été traumatisants pour moi, j’étais presque seule sur la route avec mes yeux larmoyants en me répétant « Sois forte, tu vas y arriver, tes bénéficiaires ont besoin de toi ! ». Certaines pathologies se dégradaient suite à l’absence de séance de kinésithérapie, d’orthophonie ou à cause de l’isolement social. Je suis toujours restée professionnelle, mais, une fois dans ma voiture le stress et l’angoisse de ce virus étaient là, et mes pensées étaient aussi pour ma petite famille, mes 2 enfants et mon mari.
 

 

Selon vous, les conditions de travail pourraient-elles s’améliorer ?

Les conditions de travail ne sont pas des plus simples, charge mentale et physique, équilibre alimentaire mis de côté, temps de sommeil réduit, salaire à peine supérieur au SMIC, temps de trajets… Par exemple, pour une journée de 14 heures de travail, nous ne validons que 8 heures de prestations, soit le temps de travail comptabilisé. Notre temps passé sur la route n’est pas reconnu à 100 %, chaque employeur est libre en ce qui concerne la rémunération. Mais, comme expliqué plus tôt, il s’agit d’une vocation qui implique quelques sacrifices.
 

Les conditions sanitaires sont-elles bien acceptées chez vos bénéficiaires ?

Les premières fois ont été difficiles pour nos bénéficiaires, nous voir arriver munis de masque, gants… l’angoisse et la peur étaient palpables. Désormais, comme partout d’ailleurs, les équipements de protection font partie du quotidien. La seule chose qui vient à manquer c’est notre sourire, argument redondant depuis le début de la crise sanitaire.
 

Avez-vous créé des liens avec certains patients ?

Dans le métier d’auxiliaire de vie à domicile, un lien particulier s’établit avec chaque personne. Actuellement, j’exerce mon activité chez une quinzaine de bénéficiaires, l’accompagnement effectué dans chaque domicile est unique. L’empathie est au cœur du métier et le respect du lieu et des habitudes de vie sont la clé de la réussite.

Il arrive parfois que nous soyons les seules personnes au contact des bénéficiaires au cours de la journée. Je terminerai par cette appellation que m’a attribué l’une de mes bénéficiaires, forte de sens et de valeur : « À mes yeux vous êtes mon ange blond »
 

 

 ANNE-CHARLOTTE
Auxiliaire de vie à domicile

3 réponses

  1. michel flamand dit :

    MDR pour le ménagè je ai rien eux arrêter dire des conneries les association pour les handi pendants le covid ont rien fait et elle continu a rien faire pauvre france

    • Jean Nairalcu dit :

      Encore un parasite social qui croit que tout lui est dû. Vous êtes la gangrène de notre société sans qui nous aurions une vie bien plus agréable.

  2. admin dit :

    Bonjour, votre commentaire est incompréhensible en plus d’être insultant pour les personnes qui ont travaillé durant cette crise. Nous connaissons de nombreux services d’aide à domicile ayant travaillé en mars et avril au pire de la crise même si ils ont du choisir les missions essentielles. C’est le dernier message de ce type de votre part que nous ne fermons pas d’office.

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