Edgard John-Augustin | Bionic Body


 

Présentation

J’ai 34 ans, je mesure 1m94, je pèse 110 kg en période hors compétition et mon poids de scène, c’est à dire après ma période de préparation et de sèche, est de 98 kg. Je vis en région parisienne et je suis devenu bodybuildeur professionnel en 2018, grâce à mes sponsors. NDLR : Edgard a perdu ses jambes à l’âge de 4 ans, dans un accident de la route en Guyane. Je dormais dans la voiture. Je me suis réveillé parce que j’entendais les pleurs de ma mère. Quelque chose me piquait, j’étais allongé sur des herbes. Ils m’ont retiré du véhicule et je ne sentais plus mes jambes. En regardant, j’ai vu qu’il y avait du sang partout. C’est le seul souvenir que j’ai de ce jour là. 
 

Quel est ton parcours ?

Cela fait plus de 12 ans que je m’entraîne en salle. Je me suis inscris alors que je passais mon BTS pour évacuer le stress des examens et certainement de la vie parisienne, moi qui arrivais de mon 973. Au début je m’entraînais en survêtement long, peu de personnes étaient au courant de mon handicap. Puis un jour, un photographe m’a sollicité pour une série de photos, je lui ai donc parlé de mon handicap. Il a été hyper enthousiaste et m’a proposé un très beau projet. Puis, tout s’est enchaîné. Avec mes collègues de bureau on a trouvé le nom de scène « Bionic Body ». J’ai créé ma page Instagram, le retour des gens a été tellement positif, je n’en suis pas revenu. Dès lors, j’ai réellement assumé mon handicap au grand jour et j’occulte le regard des gens. Entre temps, je m’étais assuré auprès de mon prothésiste de la résistance de mes prothèses et, depuis plus de 5 ans maintenant, je fais un legday* au moins une fois par semaine ainsi qu’un rappel. Depuis quelques années, je monte sur scène. J’ai fait plusieurs compétitions comme le grand prix des Pyrénées, les championnats d’Europe, la Loaded Cup et le Top de Colmar que j’ai remportées. Je continue à tout donner pour que mon palmarès ne s’arrête pas là. Depuis que j’ai obtenu la carte professionnelle, de nouvelles échéances et de nouveaux objectifs mondiaux s’ouvrent à moi. NDLR : en juin 2019, à New York et Toronto, le sportif concourait parmi les valides.
 

 

Quelles sont tes motivations ?

Je ne me cache jamais derrière mon handicap, et il me pousse certainement à en faire davantage. Je ne veux pas, une fois l’échéance de la compétition arrivée, me dire « ah si j’avais fait ça, ou si je n’avais pas mangé ça, si je m’étais mieux entraîné ». Je ne veux rien regretter alors je donne tout malgré la fatigue ou parfois la douleur. Le mental joue énormément. Quand j’ai des moments de doute, ce qui arrive parfois quand je réduis drastiquement les quantités alimentaires avant compétition ma femme et mon frère Endy, qui pratique également le bodybuilding, savent trouver les mots pour que je reprenne confiance. Et plus largement je veux rendre ma famille, et particulièrement mes fils, fiers de moi. Peu importe notre objectif, dans la vie on a rien sans rien. Et afin d’obtenir ce que l’on veut, il faut travailler dur et sérieusement pour y parvenir. Quand on veut on peut, l’esprit humain, la volonté peuvent être sans limite. Il faut rester confiant, penser que les difficultés rencontrées rendront encore plus belles les victoires.
 

« The sky is the limit ». Rien n’est impossible, il faut s’en donner les moyens et accepter les étapes et les sacrifices qui jalonnent cet objectif à atteindre.

 

Comment te prépares-tu pour une compétition ?

Toute l’année, je m’entraîne 6 jours sur 7 et je maintiens le cardio au moins 3 fois par semaine. Je fais du cardio à la maison sur mon jour « off ». En période de prépa, je ne m’accorde strictement aucun écart : j’élimine même la vitamine C effervescente en raison de l’asparthame qu’elle peut contenir. Mes repas sont à base de poulet cuit au four la plupart du temps, de poisson pour le repas du soir, de légumes verts, et pour les glucides, patates douces, riz et flocons le matin. Petit à petit je réduis les quantités sur trois mois et j’augmente le cardio, 45 minutes par jour en plus de mon training. Je bois environ 5 litres d’eau par jour. C’est ma période de sèche. L’objectif étant de perdre la couche de gras qui recouvre les muscles. Ensuite à 3 jours de la compétition, je coupe l’eau, je ne bois donc plus (juste quelques gorgées pour prendre mes vitamines) afin d’éliminer l’eau qui est dans le corps de façon à mettre en valeur les muscles et que la peau puisse se décoller.
 

Le sport a changé ta vie ?

Le sport, la musculation m’ont apporté un cadre de vie sain, m’ont appris à me surpasser, à dépassser la fatigue, les douleurs, la faim. Je sais dorénavant atteindre les objectifs que je me fixe quelque soit les difficultés rencontrées. La réussite en est que plus appréciable.
 

 

Ta vie de famille est-elle compatible avec ton activité ?

En général je m’entraîne tôt le matin, mais quand je dois emmener mon fils à l’école, je m’entraîne le soir. Et pour les weekends, le petit est avec ma femme le matin, ensuite je rentre manger et nous allons nous balader, faire les magasins, cinéma ou autre l’après-midi. Quand je suis en fin de préparation et que je suis faible, j’ai la chance que mon fils comprenne ma fatigue et dans ces cas-là, ils vont se balader tous les deux.

Instagram : bionic_body

Interview réalisée par Emmafitnessgoal

http://emmafitnessgoal.com/bionic-body-linspiration-de-semaine/

1 réponse

  1. Alex17 dit :

    Admiratif pour la volonté mais dangereux pour le corps.

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