Instructeur en locomotion

Ce métier a été évoqué lors du premier volet sur les chiens guides d’aveugle (Lettre d’Hacavie numéro 63 – 1er trimestre 2006).

Nous avons rencontré Mme CAUDRON, une instructrice en locomotion dans les locaux de REMORA service de l’association «Voir ensemble» de Lille. Elle nous a parlé, avec enthousiasme, de sa profession.

Tout d’abord, pour être instructeur, il est nécessaire d’obtenir le Certificat d’Aptitude à l’Education et à la Rééducation de la Locomotion pour personnes Déficientes Visuelles, le CAERLDV. Cette formation se déroule à Paris pendant 8 mois. Elle représente une spécialisation par rapport à une qualification de base (psychomotricien, ergothérapeute, kinésithérapeute, éducateur spécialisé, …). La formation est basée surtout sur la mise en situation où trois étudiants sont pris en charge par un enseignant. Ils deviennent observateur, personne déficiente visuelle ou instructeur en locomotion à tour de rôle. Toute une partie théorique (ophtalmologie : anatomie et pathologies visuelles, approche psychologique et psychomotrice de la déficience visuelle…) est bien sûr étudiée.

Les différents domaines abordés lors de l’instruction sont:

  • Se protéger des obstacles et détecter les différents types de reliefs (dénivellations, marches, bordures…) en utilisant une canne, un chien guide ou en mettant en place des stratégies visuelles.
  • Marcher droit.
  • Prendre des repères.
  • Offrir des possibilités de traverser les rues en toute sécurité.
  • Apprendre ou réapprendre à s’orienter.
  • Comprendre son environnement.
  • Permettre la gestion des trajets en lieux connus ou inconnus.
  • Utiliser les transports en commun.
  • Gérer l’imprévu dans la rue…

La locomotion n’est donc pas un apprentissage de trajets par coeur. La personne déficiente visuelle doit apprendre à percevoir ce qui l’entoure.

Ces personnes développent leurs capacités à appréhender l’espace pour se déplacer de manière autonome, sécurisée et confortable. Pour ce faire, elles sollicitent leurs capacités cognitives, sensorielles et restantes:

  • La vision fonctionnelle en optimisant le capital visuel existant.
  • L’audition en sachant se situer par rapport aux bruits, évaluer leur distance et les identifier (sens de circulation des voitures, carrefour à feux ou stop)
  • Le toucher, avec la canne qui identifie des obstacles ou avec les pieds qui ressentent les différentes textures du sol.
  • La kinesthésie (perception du mouvement).
  • Le sens des masses (permet, dans des conditions particulières, d’appréhender la présence d’éléments sur le passage de la personnes : murs, obstacles…)
  • L’olfaction (peu fiable à l’extérieur car les odeurs sont volatiles).
  • La mémoire, la représentation mentale.
  • L’attention et la concentration.
  • Les capacités de raisonnement et de déduction.

En premier lieu, l’instructeur réalise une évaluation des possibilités visuelles, des capacités motrices, sensorielles et cognitives de la personne, de sa motivation et ses besoins en terme de déplacement. Ensuite, il détermine ses objectifs et son programme d’accompagnement. Il est possible également de conseiller la personne par rapport à l’acquisition d’aides techniques spécifiques telles qu’une canne blanche, du matériel optique de basse vision. L’instructeur peut apprendre à la personne à manipuler ces aides. Il s’agit d’un programme individuel, adapté aux besoins de la personne qui est adhérente à part entière à ce programme.

L’instructeur travaille beaucoup à l’extérieur, mais un travail de préparation est nécessaire au préalable. Afin de préparer un trajet, l’instructeur peut utiliser des plans en reliefs, des petits jouets comme les voitures miniatures, des supports magnétiques pour que la personne puisse avoir une représentation mentale du trajet ou du carrefour à traverser.

La majorité du temps de travail de l’instructeur en locomotion se fait à l’extérieur. L’apprentissage se fait de jour comme de nuit car les repères changent selon les ambiances lumineuses ou environnementales. Il s’agit de mettre en application les différentes techniques et stratégies abordées pour permettre à la personne de se les approprier. La locomotion fait appel à la mémoire, à la concentration et à la capacité de déduction. Elle nécessite une certaine rigueur dans l’utilisation des techniques. L’instructeur est d’abord proche et sécurisant. Ensuite, il est amené à prendre progressivement de la distance pour que la personne mette en pratique ses apprentissages seule. Un entraînement régulier et suivi permet d’acquérir un maximum d’autonomie au niveau social et personnel. Il ne s’agit pas de retenir quelques itinéraires déterminés mais d’acquérir les moyens de maîtriser l’environnement afin de pouvoir transposer les connaissances acquises lors de situations inconnues.

Il existe environ 150 instructeurs en locomotion en France. Chaque année, l’APAM (Association pour les Personnes Aveugles ou Malvoyantes) de Paris forme une dizaine d’instructeurs dans le cadre de la formation continue (Les listes d’attente des futurs usagers sont importantes).

APAM Formation

3 Rue Jacquier

75014 PARIS

Tél : 01.40.44.67.69 / Fax : 01.40.44.67.75

E-mail : formation.et.accessibilité@apam-paris.asso.fr

]]>

4 réponses

  1. sarah dit :

    Bonjour,
    Je voudrais savoir si en étant diplomé du diplome d’état de Moniteur-Educateur, il est possible d’accéder à la formation d’instructeur en locomotion. Merci

  2. hacavie dit :

    Pour obtenir la réponse à votre question, nous vous conseillons de contacter l’APAM, organisme de formation dont les coordonnées figurent dans l’article ci-dessus.

  3. VIGNAUD FRANCOISE dit :

    je suis infirmière.j’aimerai faire la formation d’instructeur de locomotion en 2012-2013.pourriez-vous me faire parvenir la plaquette de formation avec les tarifs car je souhaite le faire dans le cadre de la formation continue individuelle.
    Je vous prie de recevoir,Monsieur,l’expression de mes sentiments les meilleurs. fv

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *